Lirieke: Georges Brassens. Les Amoureux Des Bancs publics. Le Mauvais Sujet Repenti.
Elle avait la taill' faite au tour,
Les hanches pleines, Et chassait l' male aux alentours
De la Mad'leine...
A sa facon d' me dir' : "Mon rat,
Est-c' que j' te tente ?"
Je vis que j'avais affaire a
Un' debutante...
L'avait l' don, c'est vrai, j'en conviens,
L'avait l' genie,
Mais sans technique, un don n'est rien
Qu'un' sal' manie...
Certes, on ne se fait pas putain
Comme on s' fait nonne.
C'est du moins c' qu'on preche, en latin,
A la Sorbonne...
Me sentant rempli de pitie
Pour la donzelle,
J' lui enseignai, de son metier,
Les p'tit's ficelles...
J' lui enseignai l' moyen d' bientot
Faire fortune,
En bougeant l'endroit ou le dos
R'ssemble a la lune...
Car, dans l'art de fair' le trottoir,
Je le confesse,
Le difficile est d' bien savoir
Jouer des fesses...
On n' tortill' pas son popotin
D' la mem' maniere,
Pour un droguiste, un sacristain,
Un fonctionnaire...
Rapidement instruite par
Mes bons offices,
Elle m'investit d'une part
D' ses benefices...
On s'aida mutuellement,
Comm' dit l' poete.
Ell' etait l' corps, naturell'ment,
Puis moi la tete...
Un soir, a la suite de
Man?uvres douteuses,
Ell' tomba victim' d'une
Maladie honteuses...
Lors, en tout bien, toute amitie,
En fille probe,
Elle me passa la moitie
De ses microbes...
Apres des injections aigues
D'antiseptique,
J'abandonnai l' metier d' cocu
Systematique...
Elle eut beau pousser des sanglots,
Braire a tu'-tete,
Comme je n'etais qu'un salaud,
J' me fis honnete...
Sitot prive' de ma tutell',
Ma pauvre amie
Courrut essuyer du bordel
Les infamies...
Parait qu'ell' s' vend meme a des flics,
Quell' decadence !
Y a plus d' moralite publiqu'
Dans notre France...
Georges Brassens
Les Amoureux Des Bancs pub
Gewilde versoeke